Faut-il employer le mot guerre ?
Général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, devant le Sénat, le 17 novembre 2015. –
Je réfléchis beaucoup à ces questions. La sémantique est importante. Nous avons en face de nous des gens qui s’identifient comme des adversaires, comme nos ennemis. En ce sens, nous pouvons parler de « guerre ».
Toutefois, nous demandons aux Français de faire comme s’il n’y avait pas de guerre pour ne pas céder à la panique, pour résister. Il me semble juste de dire que nos adversaires – l’islamisme radical – pratiquent des actes de guerre et que nous, nous sommes dans une lutte contre des terroristes. Toutefois, dans mon quotidien de militaire, dans le cadre de nos opérations extérieures, nous sommes en guerre. On parle de Daech, mais nous affrontons d’autres groupes de fanatiques islamistes pratiquant des actes de guerre et des actes terroristes : Mujao, Ansar Dine, Al-Morabitoune, le front de libération du Macina…
Le conseil de défense du 29 avril dernier a acté le concept de déploiement pérenne des militaires sur le territoire national. Une réflexion interministérielle a alors été mise en place. Elle doit aboutir à la remise d’un rapport au Parlement entre la fin de l’année et la fin du mois de janvier. Au sujet de cette doctrine d’emploi, je souhaite être clair dans ma vision des choses. Les militaires doivent être utilisés en complément des forces de sécurité intérieure. Dans le cas contraire, il n’y aurait aucune raison de garder ces hommes sous commandement militaire.
Notre action doit venir en complément et en addition de l’action des forces de sécurité intérieure, pour lesquelles j’ai le plus grand respect. Elles ont accompli un travail remarquable. Nous pouvons leur apporter, grâce à notre formation et à notre expérience, des compétences dans le domaine de la prévention et de la réaction par rapport à des actes de guerre, ce qui n’est pas leur coeur de métier. Nous savons mettre en place des dispositifs mobiles, contrôler des zones, notamment de nuit, en bonne synchronisation avec le réseau Acropol que nous utilisons tous avec profit. Dans un autre ordre d’idées, nous pouvons également utiliser les réserves territorialisées : qui connaît mieux son canton qu’un réserviste ? Vous le savez et vous m’avez soutenu dans cette démarche, j’appelle au développement de la réserve, pour ma part, depuis plus de 20 ans. Je constate d’ailleurs qu’il existe une forte demande de la part des Français qui souhaitent participer à des unités de réserve opérationnelle.
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