Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre

(Article issu du site http://histoire-geo.ac-noumea.nc )

La Nouvelle-Calédonie comme les autres colonies françaises du Pacifique a souvent été oubliée dans l’histoire du Ralliement. Et pourtant elle a joué un rôle important, étant tout d’abord « une digue protégeant l’Australie et la Nouvelle-Zélande de l’offensive japonaise et ensuite une base de reconquête du Pacifique par les Américains » (d’après les historiens Jean-Marc Régnault et Ismet Kurtovitch). La Nouvelle-Calédonie tient également un rôle dans la France Libre grâce au Bataillon du Pacifique qui s’est illustré sur plusieurs champs de bataille et aux engagés volontaires dans les Forces Françaises Libres (FFL) et dans les Forces Navales de la France Libre (FNFL).

Le 18 juin 1940, lorsque le général de Gaulle lance de Londres son appel à la Résistance, la Nouvelle-Calédonie est une colonie française d’environ 53 250 habitants (dont environ 30 000 Indigènes). La  population avait été consternée en apprenant la capitulation française en juin 1940. Pendant plus de deux mois, des oppositions violentes se manifestent entre les Vichystes et les Gaullistes dans la colonie.  
 
Ce sont deux mouvements d’abord distincts qui permettent le succès du Ralliement lorsqu’ils se réunissent : le « Manifeste à la population » et les comités de Gaulle créés le 17 août 1940 qui rassemblent des centaines de signatures de gaullistes calédoniens. A cela s’ajoute l’environnement géographique de la Nouvelle-Calédonie avec la proximité de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande qui peuvent assurer le ravitaillement de la colonie.
 
Si en juin 1940, la France préfère signer l’armistice avec l’Allemagne, le Royaume-Uni décide de poursuivre la lutte contre les puissances de l’Axe. Le Gouverneur Pélicier, Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, décide « de continuer la lutte aux côtés des Anglais », le 20 juin 1940, avec l’appui des conseillers généraux. Quelques jours plus tard alors que le Gouverneur devient hésitant, le Conseil Privé, organe consultatif composé de quatre civils et deux fonctionnaires, et le Conseil Général, assemblée délibérative de quinze membres élus, maintiennent leur position de combattre aux côtés des Anglais. Cette résolution du 24 juin est la preuve de la volonté des Calédoniens de ne pas accepter l’Armistice et d’entrer en résistance. Cet épisode montre aussi une émancipation politique de la Colonie.
 
Au cours du mois de juillet 1940, alors que Pétain met en place l’Etat français, Michel Vergès, notaire à Nouméa, rédige le Manifeste de la population dans lequel il réclame une nouvelle organisation politique dans la colonie.
 
Le Gouverneur Pélicier fait alors appliquer les lois de l’Etat français en Nouvelle-Calédonie et les publie au Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie. Cette action conduit le Conseil Général à « désapprouver le Gouverneur et à décider de se mettre en rapport direct avec le général de Gaulle », le 2 août 1940. A la fin du mois, le Gouverneur Pélicier est remplacé par le lieutenant-colonel Denis. Pendant ce temps, des colonies d’Afrique se sont ralliées à de Gaulle (Tchad, Cameroun, Congo, Oubangui). Puis c’est le tour du Pacifique avec les Etablissements français de l’Océanie le 2 septembre.
 
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1940, des centaines de broussards descendent à Nouméa pour que la colonie se rallie à la France Libre. La journée du 19 symbolise ce Ralliement avec l’arrivée du Gouverneur Henri Sautot, le représentant de De Gaulle, venant des Nouvelles-Hébrides où il était commissaire résident de France. En fin de journée, Sautot qui s’est installé au bureau du Gouverneur à la place du colonel Denis annonce à la population le Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre.
 

Le 20 septembre le Général de Gaulle lui adresse un télégramme:

 

telexdeGaulleSautot